Oeuvres de Sophie Mallebranche

L’ensemble des trois oeuvres suit le fil chronologique de l’évolution de la créatrice de 1999 à 2021

Du métal à la lumière, en passant par la couleur, chacune de ses trois créations est une matière à histoire

Sophie Mallebranche, Vague Légère d’Or n°3, 1999.
© MATERIAL DESIGN GROUP

  Vague Légère d’Or n°3

Réalisée en 1999, Vague Légère d’Or n°3 est une œuvre de jeunesse qui témoigne de la genèse de la technique de tissage de l’artiste.

Ce bas-relief joue sur les effets de lumières dorées et cuivrées, et sur le rendu en volume mimant le mouvement des ondulations à la surface de l’eau.


  Le mot de Sophie Mallebranche

"L’oeuvre de jeunesse «  Vague » est un tissage de cuivres argentés émaillés de couleur Bronze et Or. Le tissage est fait à la main sur un métier Arm de basse lisse. Il est sculpté directement sur le métier à tisser à mesure que les trames sont passées. À l’instar des tissages spéculatifs de Anni Albers à l’université de Black Mountain, cette vague est réalisée en direct sur le métier à tissé, sans carton."

Sophie Mallebranche, N°17, modèle Signature de la Collection Woven Metal Interiors, 2010.
© MATERIAL DESIGN GROUP

  N°17, modèle Signature de la Collection Woven Metal Interiors

Conçu en 2010, ce prototype de revêtement mural allie l’acier inoxydable et le cuivre argenté émaillé contrecollés sur bois.

Cette création tissée sur métier industriel permet d’apporter de la lumière et un effet luxueux à l’espace qu’elle habille. Ce prototype s’observe à 360° pour exprimer son pouvoir esthétique.


  Le mot de Sophie Mallebranche

"Le modèle industrialisé N°17 présenté en revêtement mural est le témoin du passage du tissé main au tissage l’industriel. Le tissage est fait d’une chaine de micro-câble d’acier inoxydable et d’une trame de cuivre argenté émaillé couleur argent. Le tissage de métal est thermocollé sur un polyester non feu puis collé sur un substrat. Le N°17 est le modèle de métal tissé qui a eu le plus de succès dans ma collection industrielle depuis 2009."

Sophie Mallebranche, Tableau N°4, 2021.
© MATERIAL DESIGN GROUP

  Tableau N°4

Datée de 2021, cette pièce unique décline plusieurs nuances de bleu réalisée à partir d’un programme algorithmique retouché par l’artiste pixel par pixel et transmis au métier à tisser industriel.


  Le mot de Sophie Mallebranche

"Tableau N°4 est un dégradé de couleurs du XXIème siècle, la rencontre de la technique du tissage avec les algorithmes. Le dégradé de couleur est réalisé grâce à un programme développé spécifiquement pour moi. Une fois les formules réalisées ; elles sont introduites dans un logiciel de tissage. Je retouche ensuite les pixels à la main à l’aide d’outils graphiques. Je cherche l’harmonie et la subtilité des passages entre les couleurs."

L’ART D’INFUSER LA LUMIÈRE DANS LE TISSAGE

Sophie Mallebranche, N°17, modèle Signature de la Collection Woven Metal Interiors, 2010.
© MATERIAL DESIGN GROUP

« Mon textilis, c’est le métal »

Sophie Mallebranche, créatrice & designer de matériaux en métal tissé

Sophie Mallebranche en quelques dates

  • 1976 : Naissance à Honfleur, Normandie, France

  • 1999 : 1er Prix du concours Museum Expression. Réunion des musées nationaux, Paris, France

  • Première participation à Maison&Objet Paris. Interactions avec la Haute couture et des designers produit.

  • 2000 : Ouverture du 1er show-room, rue de la Mode, Paris, avec le soutien de la Mairie de Paris et de la

  • Fédération Française du Prêt à Porter. Projets avec architectes, décorateurs et designers produit.

  • 2006 : Etoile de l’Observeur du Design, Paris, France. Projet de rideau monumental au Plaza Athénée, Paris

  • Contrat avec la Manufacture Saint Jean d’Aubusson qui reproduit sur mesure au projet les échantillons créées par Sophie

  • 2009 : Création de Material Design Group SAS qui fait le projet d’industrialiser le process de fabrication initialement fait main. Acquisition d’un premier métier à tisser industriel dédié à la fabrication du métal tissé. Installation d’un atelier industriel en Pays de Loire.

  • 2009/10 : Contemplation II, exposition à la Biennale de création textile contemporaine, Musée des Tissus, Lyon

  • 2015 : Contemplation III, exposition en hommage à Pierre Soulages, Fontaine-Daniel, France

  • 2017 : Contemplation IV, exposition sur le thème du poème de Paul Eluard «  la terre est bleue comme une orange, Fontaine-Daniel, France

  • 2020 : Acquisition d’un métier à tisser Jacquard qui révolutionne la créativité et l’offre. Sophie peut désormais dessiner aussi bien des motifs abstraits que figuratifs et les tisser dans son langage, dans sa matière.

  Le langage du textile réinventé

De ses années de formation à l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré, Sophie Mallebranche expérimente des matériaux inhabituels dans l’art du tissage.

Entremêlant les fils de cuivre, d’acier inoxydable ou de bronze, mais aussi de silicone ou de polymère, elle dompte ces matières insolites et développe sa propre technique singulière de tissage manuel.

De ces matériaux inspirants alliés à sa détermination, elle poursuit ses recherches pour donner naissance à des matières innovantes au caractère spectaculaire, capable de capter et de diffuser la lumière.


  Véritable alchimiste, Sophie Mallebranche invente son propre langage textile

Chaque création est le résultat d’une recherche d’équilibre entre la nature intrinsèque de la matière métallique, la vibration des nuances des couleurs, la facture propre du tissage liée à son armure et au métier à tisser utilisé.

Entre tradition et modernité, c’est au rythme du métier à tisser, que l’artiste façonne de sa main la matière et la couleur, pour donner vie à des tissages singuliers, résolument innovants et contemporains.

D’une matière première brute au caractère précieux, Sophie Mallebranche crée un medium luxueux aux effets spectaculaires emprunts de lumière.

Ainsi, la chaîne se compose de micro-câbles d’acier inoxydable et la trame de mono-filaments de cuivre suffisamment malléables pour être tissé, recouvert d’une couche protectrice d’argent qui sert également de base à la couleur déposée en émail.


  Tisser les liens entre l’artisanat d’art et l’industrie

Face au succès grandissant de ses créations, et après avoir formé lissiers et tisseurs à son procédé de tissage métallique qu’elle ne cesse de perfectionner, Sophie Mallebranche souhaite aller plus loin.

Afin de repousser les limites de sa créativité, elle se lance à la recherche d’un moyen d’industrialiser son processus de fabrication artisanal.

L’enjeu est de taille, comment préserver la technique et le savoir-faire ancestral du tissage tout en le tournant vers l’avenir ?

En 2010, le défi est relevé avec succès. Elle développe un processus d’ingénierie innovant, un outil de production industriel capable de tisser le métal à plus grande échelle et d’aller encore plus loin dans la création de nouvelles textures.

Traditionnels ou industriels, les métiers à tisser sont savamment modifiés pour supporter la résistance des fils métalliques et produire à plus grande échelle.

Conçus et fabriqués en France, ses textiles rayonnent dans le monde entier et désormais, au sein du musée des Tissus.

Rencontre avec Sophie Mallebranche

Comment qualifieriez-vous votre métier ?

Mon métier est de créer de nouveaux matériaux esthétiquement et techniquement innovants, matériaux dont la mission est de capter l’attention par des jeux visuels de matières, de lumière et de couleurs.

Je suis une artiste et une designer textile à la fois.

Sophie Mallebranche – artiste - crée des pièces uniques, des recherches, des tableaux, des stabiles, déliés de tout concept d’applicabilité.

Sophie Mallebranche - designer textile - travaille sur des collections de matières à destination des architectes, architectes d’intérieur et décorateurs pour sublimer des espaces d’exception : magasins de produits de luxe, yachts, palaces, restaurants gastronomiques, bureaux de grandes firmes, à l’international.

Cette création de métal tissé est devenue, en l’espace de 25 ans, une icône de la décoration. Ces deux activités sont liées, la part artistique nourrissant le travail des collections.

Avec quelles matières travaillez-vous le tissage et quel rapport entretenez-vous avec elles ?

Je travaille des matières qui ne sont pas issues de la filière textile, des mono-filaments de cuivres argentés émaillés, d’acier inoxydable, spécifiquement produits pour moi, qui sont transfigurés par la technique du tissage.

Aussi loin que je m’en souvienne, ces matières m’ont toujours intéressée. Elles étaient mes alliées et mon terrain de jeu dans les cuisines du restaurant gastronomique de mon père où j’ai grandi, à Honfleur, en Normandie.

Comment avez-vous réinventé le tissage ?

J’ai réinventé le tissage en cassant les codes de cette technique ancrée dans l’histoire des Hommes depuis 4000 ans.

J’ai utilisé des matières inattendues et intissables à première vue. Je les ai tissées dans des contextures chaine-trame totalement hors cadre. Cela a donné naissance à une esthétique particulière, très identifiable, que j’ai raffinée petit à petit avec des techniques ingénieuses.

Ce tissage unique, issu d’une méthodologie empirique guidée par une main libre d’artiste, se trouvent être à la fois le déclencheur et le résultat d’une innovation de rupture.

Qu’est-ce qui nourrit votre inspiration ?

Ce qui nourrit mon inspiration est :

  • Marcher, être en mouvement et en déplacement, contempler mon environnement,

  • La peinture/recherche abstraite d’artistes obsessionnels de la couleur, de la matière et de la forme à l’instar de Pierre Soulages, Sol Lewitt, Johannes Itten, Joseph Albers, Hans Hartung, Yves Klein, Jackson Pollock, Peter Vermeersch, Simon Hantaï, El Anatsui, Anish Kapoor, Gego, Olafur Eliason, Olga de Amaral, Anni Albers, ….

  • L’architecture française et italienne et plus particulièrement Honfleur, Paris et Venise,

  • Les belles matières, les pièces uniques faites avec beaucoup de savoir-faire dans une esthétique qui cherche à exprimer la perfection technique et les accidents maîtrisés : la laque, la céramique, la dinanderie japonaise, l’orfèvrerie, la joaillerie contemporaine, les textiles précieux et anciens.

Qu’est-ce qui stimule votre processus créatif ?

J’ai deux processus créatifs dédiés pour l’un à ma recherche fondamentale en tant qu’artiste, pour l’autre à mes collections de matières appliquées à l’architecture intérieure.

Ce qui stimule mon processus créatif artistique c’est :

  • Marcher et réfléchir dans des musées d’art moderne et contemporain. Mes musées favoris sont à Paris Le MAM, Le Palais de Tokyo et le Musée Guimet. Le musée Benesse Art Site à Naoshima et le Teshima Art Museum, tous deux au Japon, Le Bowery Museum de NYC et le Guggenheim Museum de Bilbao,

  • Écouter des artistes plasticiens parler de leur pratique, de leur recherche, de leur quête pour se créer des images à partir de leur discours.

Ce qui stimule mon processus créatif dédié à la décoration c’est :

  • Les discussions avec mes associés Guillaume Danset et Olivia Sklower,

  • M’immerger dans le milieu professionnel dans lequel je travaille c’est-à-dire visiter autant de lieux que possible en lien avec ce que créent mes clients : boutiques et flagships dédiés aux produits de luxe, palaces et hôtels d’exception, restaurants gastronomiques, Lobby de grands immeubles de bureaux, yachts,

  • Le dialogue avec mes clients autour de leurs briefs, sur l’esthétique, les valeurs, l’inspiration, le récit de l’expérience spatiale désirée dans les projets sur lesquels nous allons travailler.

Quel équilibre trouvez-vous entre patrimoine textile et modernité, artisanat et industrie ?

Ma pratique est à la frontière de ces quatre notions qui sont, pour moi, interdépendantes. Elles contextualisent mon terrain d’expression.

À quelle occasion avec-vous visité le musée des Tissus ?

J’ai visité le Musée des tissus de Lyon à chacun de mes séjours dans cette ville. J’y ai aussi exposé dans le cadre de la Biennale d’Art contemporain en 2010.

Quelles œuvres du musée peuvent nourrir vos créations ?

Les oeuvres du musée qui peuvent nourrir mes créations sont :

  • Les soieries de Lyon tissées avec des métiers jacquard,

  • Les textiles coptes et égyptiens me procurent beaucoup d’émotion notamment pas leur érosion-disparition partielle. C’est en découvrant ces tissus, dans le cadre de mes études à l’école supérieure des arts appliqués Duperré, qu’il m’est apparu intéressant de créer une matière textile éternelle, qui ne fadera ni ne se désintègrera avec le temps,

  • Les textiles du XXème siècle comme ceux de Sonia Delaunay ou Anni Albers sont des sources d’inspiration inépuisable pour moi.

Pourquoi faire don de 3 de vos œuvres au musée ? Quel sens cela a pour vous ?

S’il n’y avait qu’un musée où proposer mes oeuvres, ce serait le Musée des Tissus de Lyon !

Soumettre des pièces à la commission d’acquisition du Musée des Tissus de Lyon est une manière pour moi d’interroger la possible institutionnalisation de mon travail et la place qu’il a dans le monde des arts décoratifs.

La discussion avec l’équipe du musée nous a amenée à prendre en considération une trilogie d’œuvres :

  • une œuvre de jeunesse en métal tissé et sculpté main

  • notre modèle phare, industrialisé, présenté en revêtement mural

  • un tableau récent, dégradé de couleurs

Les musées font-ils suffisamment de place à la création contemporaine ?

Je ne suis pas bien placée pour répondre à cette question car preuve est faite que le Musée des Tissus de Lyon désire faire de la place à la création contemporaine !

Le rôle des musées est de présenter des œuvres au public et de les conserver le mieux possible. La pluralité des techniques et des ouvrages est aujourd’hui un challenge de taille pour les conservateurs de musée.

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Sophie Mallebranche, N°17, modèle Signature de la Collection Woven Metal Interiors, 2010.
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