Industrie textile lyonnaise et haute couture parisienne sont riches d’une longue histoire commune. Tout au long de sa carrière, le créateur Yves Saint Laurent s’est appuyé sur les fabricants et fournisseurs d’étoffes de la région, y trouvant matière à nourrir ses créations et contribuant ainsi, au rayonnement de ces grandes maisons.

"La haute couture, c’est la matière […]"* Dès ses premières collections, Yves Saint Laurent utilise le crêpe de Chine pour la couture floue, qu’il commande majoritairement auprès des maisons Bianchini Férier et Abraham pour sa légèreté et sa faculté à être imprimé de motifs.

L’entreprise Abraham dont le siège est basé en Suisse, est dirigée à partir de 1968, par Gustav Zumsteg. Surnommé le «  roi de la soie », il entretient une relation très particulière avec Yves Saint Laurent. En effet, il est le seul fournisseur à être reçu en privé par le couturier, avant même de dessiner la collection.

"J’ai la chance, en outre, d’avoir des collaborateurs merveilleux. Pour les tissus, Gustav Zumsteg de Zurich, qui a une usine, crée pour moi les dessins, je suis toute sa joie, parce qu’il voit les rouleaux de tissu prendre vie."

La maison Abraham ne disposant pas de ses propres ateliers de productions, fait fabriquer ses tissus par des tisseurs, en particulier à Lyon. C’est ainsi qu’elle développe des collections de crêpes imprimés, en exclusivité pour la griffe du couturier.

L’étoffe en soie de la robe est un taffetas crêpe, caractérisé par des fils peu tordus en chaîne et fortement tordus en trame – torsion crêpe -, ce qui donne un tissage assez dense, au toucher nerveux et au tomber adapté à la coupe stricte de la jupe droite, contrebalancée par le bouffant du corsage et la légèreté des volants.

Sa texture crêponnée accentue le relief de l’impression au cadre du motif composé de marguerites stylisées, agencées dans de multiples orientations.

*Yves Saint Laurent – Le Monde, 1983 - **Yves Saint Laurent – magazine 20 ans, 1973