Jacquard, point à la ligne !

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  •  © © musée des Tissus - Sylvain Pretto
  • Raymond Gayrard, médaille d'or de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1819 décernée à Joseph-Marie Jacquard, Paris, 1819. © © musée des Tissus – Pierre Verrier
  • Jean-Claude Bonnefond, dessin préparatoire du Portrait de Joseph-Marie Jacquard, Lyon, 1834. © © musée des Tissus - Sylvain Pretto
  • J.-L. Moulin, Mise en carte du Portrait de Joseph-Marie Jacquard d’après Jean-Claude Bonnefond, Lyon, 1839. © © musée des Tissus - Sylvain Pretto
  • Maison Didier-Petit et Cie, J.-L. Moulin, Michel-Marie Carquillat, portrait de Joseph-Marie Jacquard d’après Jean-Claude Bonnefond, Lyon, 1839. © © musée des Tissus - Sylvain Pretto
  • Jean-Claude Bonnefond, Étude pour approbation du Portrait de Joseph-Marie Jacquard, Lyon, entre 1832 et 1834. © © musée des Tissus - Sylvain Pretto
  •  © © Sienne Design
© musée des Tissus - Sylvain Pretto
Raymond Gayrard, médaille d'or de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1819 décernée à Joseph-Marie Jacquard, Paris, 1819.
© musée des Tissus – Pierre Verrier
Jean-Claude Bonnefond, dessin préparatoire du Portrait de Joseph-Marie Jacquard, Lyon, 1834.
© musée des Tissus - Sylvain Pretto
J.-L. Moulin, Mise en carte du Portrait de Joseph-Marie Jacquard d’après Jean-Claude Bonnefond, Lyon, 1839.
© musée des Tissus - Sylvain Pretto
Maison Didier-Petit et Cie, J.-L. Moulin, Michel-Marie Carquillat, portrait de Joseph-Marie Jacquard d’après Jean-Claude Bonnefond, Lyon, 1839.
© musée des Tissus - Sylvain Pretto
Jean-Claude Bonnefond, Étude pour approbation du Portrait de Joseph-Marie Jacquard, Lyon, entre 1832 et 1834.
© musée des Tissus - Sylvain Pretto
© Sienne Design
07 nov 2014 04 jan 2015
Commissariat
Claire Berthommier , chargée des collections du MTMAD

Dans le cadre du festival Labelsoie

07 nov 2014 04 jan 2015
Commissariat
Claire Berthommier , chargée des collections du MTMAD

Dans le cadre du festival Labelsoie


Joseph-Marie Jacquard mourut en 1834. Cent quatre-vingts ans après sa disparition, il incarne encore, pour beaucoup, les valeurs, le génie et la capacité d’innovation de la Fabrique lyonnaise, c’est-à-dire de l’ensemble des fabricants et ouvriers en soie qui assurèrent la réputation de la ville et de son excellence à travers le monde.

Dans le cadre du festival Labelsoie porté par la Ville de Lyon, dont le thème est la seconde révolte des canuts en 1834, le MTMAD a souhaité commémorer l’anniversaire de Jacquard et revenir sur la diffusion de son portrait qui a permis de promouvoir l’inventeur comme figure emblématique de la soierie lyonnaise, mais aussi de la cité tout entière et de ses valeurs.

  De l’homme à l’image

Quelques mois seulement après la première révolte des canuts, en 1831, qui avait été douloureusement réprimée, la Ville de Lyon souhaitait accomplir un acte fort qui permettrait de restaurer l’image des ouvriers. Elle commande à Jean-Claude Bonnefond, alors directeur de l’École des Beaux-Arts de Lyon et artiste renommé, un portrait de Joseph-Marie Jacquard pour orner l’Hôtel de Ville. Ce portrait, réalisé d’après nature, alors que Jacquard était encore en vie, fut dévoilé au Salon de Paris de 1834 au moment même où mourait l’inventeur. Deux semaines après son enterrement, le tableau était présenté à Lyon. Considéré comme l’image officielle du grand homme, seul portrait existant de lui, ce tableau eut un succès immédiat. Il présente Jacquard dans son intimité, chaussé de pantoufles, en train de travailler, dans son intérieur modeste au carreau cassé et au tapis élimé. Pourtant, Bonnefond a su traduire le feu du regard du génie, qui pose entouré des instruments de sa gloire, la fameuse mécanique dont il a équipé les métiers à tisser et les cartons perforés programmant le tissage. À la fois superbe et humble sur cette image, Jacquard incarne désormais l’industrie de la soie tout entière.

  De l’image à l’icône

Le portrait connaît une actualité nouvelle en 1839. À cette date, la maison Didier-Petit et Cie imagine, pour l’Exposition des produits de l’industrie française, de reproduire en tissage le tableau monumental de Bonnefond. Pour ce chef-d’œuvre de technique, évidemment, on utilise la mécanique inventée par Jacquard lui-même, afin de rendre un double hommage au grand homme. Le portrait tissé connaît lui aussi un immense succès. L’image de Jacquard, inventée par Bonnefond et diffusée par Didier-Petit et Cie, devient tellement emblématique de la Fabrique qu’elle est démultipliée à l’infini, par la peinture – la Ville commande à Bonnefond, en 1842, une reproduction à l’identique de son tableau –, la gravure – Joseph-Victor Vibert grave le tableau en 1855 et réalise une prouesse technique en taille-douce – et, bien sûr, par le tissage – jusqu’à la Première Guerre mondiale, le tableau tissé est reproduit par l’École municipale de tissage. Le portrait de Jacquard devient ainsi non plus seulement une image officielle, mais une véritable icône.

  De l’icône à la commémoration

C’est ce phénomène de démultiplication de l’image de Joseph-Marie Jacquard que l’exposition se propose d’explorer. Pour la première fois, le visiteur pourra découvrir ensemble le tableau de Bonnefond du musée des Beaux-Arts et sa copie par l’artiste lui-même, déposée à la Chambre de Commerce et d’Industrie, mais aussi les esquisses préparatoires inédites de ce tableau, ainsi que la mise en carte originale du portrait tissé et les étoffes produites d’après elle, la gravure de Vibert et les réinterprétations de l’image de Jacquard. Il pourra voir aussi le compas de Jacquard, sa Médaille d’or, que le roi Louis XVIII lui a remise en personne en 1819, et sa croix de la Légion d’Honneur. Il verra, bien sûr, la mécanique inventée par Jacquard et les différentes étapes permettant de préparer les cartons perforés qui commandent le métier. Il découvrira surtout l’ensemble du processus de «  canonisation » laïque qui a conduit à diffuser l’image de Jacquard à travers le monde, jusqu’à en faire l’un des symboles de la ville de Lyon peint au centre même de la célèbre «  Fresque des Lyonnais », à l’angle du quai Saint-Vincent et de la rue de la Martinière, ou sur les cuves de la raffinerie Total à Feyzin, accueillant de son demi-sourire bienveillant les automobilistes qui entrent dans Lyon…